[Poney Pique-Selle] – Bleed et Bleed 2

Posté le 13/05/2024 à 14h00 par Tumbleash
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Bonjour à vous ! Si vous en avez ras-le bol des jeux compliqués et prise de tête, des jeux de stratégie où il faut gérer toute une civilisation (la baaarbe), des aventures épiques où vous décidez du destin de la galaxie (raaaah nooon) ou des jeux narratifs « artistiques » qui interrogent sur la vie, la mort et la bureaucratie (piiitiééé), et bien restez avec nous, car nous parlons aujourd'hui d'un jeu qui reposera vos neurones de philosophe et fera plutôt travailler vos réflexes !

Synopsis :

Je vous présente Wryn. Wryn a des cheveux roses, un triple saut directionnel et un rêve ambitieux : devenir la plus grande héroïne de jeu vidéo du monde.


Notre Héroïne, mesdames et messieurs !

Wryn dispose également d'un bullet time, de pistolets qui ne s'embarrassent pas de ce détail vulgaire qu'on appelle le « rechargement », et de vies infinies. Mais surtout, Wryn a un plan simple et à toute épreuve : trouver, affronter et tuer en duel, un par un, tous les plus grands héros du monde, afin de montrer qu'elle est meilleure et prendre leur place dans le cœur du public. Ils se reposaient sur leurs lauriers depuis des années de toute façon, on ne les pleurera probablement pas trop… Qu'est-ce qui pourrait mal tourner ?

Bleed 2 reprend quelques temps après le premier jeu ; Wryn, désormais ultime super-héroïne de la Terre doit prendre ses responsabilités lorsqu'un mystérieux envahisseur passe à l'attaque (non, ce n'est pas la Nation du Feu)… La plus grande héroïne de tous les temps fera-t-elle le poids, face à la plus grande méchante de tous les temps ?

 

Qu'est-ce que c'est, et pourquoi j'y jouerais ?

Bleed est un run-and-gun de plates-formes d'Ian Campbell, du studio indé Bootdisk Revolution, sorti en 2012. Il est disponible en téléchargement sur toutes sortes de magasins en ligne pour un prix dérisoire et tourne sur à peu près n'importe quel support. Une suite, inexplicablement intitulée Bleed 2 est sortie en 2017 pour les mêmes appareils et au même prix. Elle mise un peu moins sur les plates-formes et davantage sur l'action, revoit les graphismes à la hausse et la difficulté à la baisse, ce que je déplore mais on y reviendra plus tard.


Au-dessus, Bleed. Ci-dessous, son successeur 

Les Bleed sont pensés comme des jeux d'action au rythme effréné et à la difficulté éprouvante. Il vous faudra mourir quelques fois avant de maîtriser le moveset de Wryn, son triple saut en particulier ainsi que son ralentissement du temps qui ne doit surtout pas être envisagé comme un « spécial » ou un dernier recours, mais bien plutôt comme une ressource précieuse qu'il faut utiliser aux moments stratégiques. Les boss également demanderont un peu d'accoutumance avant de maîtriser leurs patterns, somme toute assez simples mais qui laissent peu de marge d'erreur – d'autant qu'ils évoluent avec les niveaux de difficulté, par exemple en termes de densité de projectiles, de durée ou de vitesse d'exécution des attaques…

White Mk. II est l'un des boss les plus funs du jeu

Bleed peut se jouer à la souris ou la manette, et personnellement je préfère la seconde option car vous n'aurez pas trop de deux joysticks pour gérer à la fois la direction des sauts (bien souvent millimétrés) et la visée – en-dehors de ça, vous n'aurez besoin que de deux ou trois boutons, probablement les gâchettes qui vous évitent de lever les pouces de vos joysticks.

Les graphismes de Bleed sont simples, parfois même simplistes, mais gardons à l'esprit qu'il s'agit d'une production indépendante aux moyens limités; de plus, des graphismes trop détaillés nuiraient probablement à la lisibilité à l'écran, et croyez-moi vous n'avez pas besoin de ça. Quant à l'histoire, vous aurez pu voir qu'elle est simple et directe et qu'elle ne se prend pas trop au sérieux. En fait, l'humour de la situation contribue en bonne part à la saveur du jeu : Wryn se comporte en vraie méchante, complètement amorale, tout en étant persuadée d'être l'héroïne… et c'est VOUS qui l'aiderez à accomplir son rêve ! Toutes mes félicitations !


Ah oui, il y a aussi ce type, là.

Quoi qu'il soit assez court, la rejouabilité de Bleed est tout à fait correcte, même si son mode 2 joueurs a été critiqué pour son manque d'ergonomie. La simple difficulté du jeu, que je trouve très bien dosée, vous imposera une courbe d'apprentissage abrupte dès le début, mais c'est un défi stimulant et on prend un réel plaisir à affiner sans cesse sa maîtrise des mouvements face à un boss récalcitrant. Vous vous surprendrez ensuite à refaire les premiers niveaux et à vous demander comment vous avez pu bloquer à tel ou tel endroit… Par ailleurs, le jeu propose quelques secrets à débloquer, notamment des armes différentes et personnages spéciaux qui permettent de varier le gameplay et la difficulté.

Bleed 2

La suite Bleed 2 reprend peu ou prou le même gameplay, en épurant des redondances dans la configuration des contrôles ou les bonus à débloquer. Elle abandonne notamment la mécanique qui consistait à engranger des points pour acheter des améliorations à la boutique – ce qui n'est pas plus mal comme ça, ce grind était superflu. On y développe aussi la mécanique de renvoi des tirs : les projectiles seront presque tous jaunes ou roses, Wryn pouvant renvoyer ces derniers à l'expéditeur d'un coup de sabre, ce qui sera souvent essentiel pour vaincre les boss. Bleed 2 ajoute également un grand nombre de personnages débloquables qui ont tous un gameplay unique ! Enfin, les graphismes sont grandement améliorés pour ce deuxième jeu, avec des décors et animations très travaillés, tout en pixel art.


Bleed 2, plus encore que son prédécesseur,
emprunte volontiers au registre du Bullet Hell

Bleed 2 n'est pourtant pas sans défauts, y compris vis-à-vis de son prédécesseur. Pour commencer, Bleed 2 articule beaucoup ses boss autour de la mécanique de renvoi des tirs, ce qui ne serait pas un mal si cela ne se faisait au détriment de l'esquive pure. Et bien qu'ils soient beaucoup plus nombreux que dans son prédécesseur (ce qui est un plus indéniable), je les trouve aussi moins inspirés, d'autant que nombre d'entre eux sont un recyclage pur et simple de boss du 1, avec des patterns simplifiés… Si Bleed 2 ne se contente pas que de copier-coller et réserve nombre de surprises, on peut malgré tout se sentir lésé•e de retrouver autant de sections familières sans qu'elles ne soient plus exigeantes.


Il y a toutefois des exceptions comme ce boss, simple échauffement
dans le premier jeu, qui devient beaucoup plus amusant dans le second.

De manière générale, le gros point faible e Bleed 2 est sa difficulté beaucoup moins bien dosée, ce qui le rend beaucoup moins fun. Pour faire simple, le mode normal de Bleed 2 équivaut au mode facile du 1, le difficile au normal, et ainsi de suite
Bleed était un challenge remarquable, aux points de contrôle rares, qui laissait très peu de place à l'erreur. Au début je mourais en boucle, mais à chaque fois le jeu arrivait à me motiver à essayer encore, et encore, et encore en m'améliorant à chaque fois. Dans Bleed 2, beaucoup plus généreux en points de contrôle, j'ai très vite vu que je pouvais me contenter de bourriner de checkpoint en checkpoint (certains sont au milieu des combats de boss !), avec l'assurance que même en gaspillant mes PV, ils me dureraient assez longtemps pour progresser sans transpirer. C'est vraiment dommage, mais sans cette contrainte de la difficulté je n'ai tout simplement pas réussi à surmonter cette mollesse et me forcer à jouer bien.


Valentine en phases II et III marque un pic de difficulté
appréciable, et sait se faire plus avare en points de contrôle.

Heureusement, cette critique ne s'applique plus au niveau de difficulté maximum du jeu, le mode « Très Difficile ». Non seulement les checkpoints y sont beaucoup plus rares, mais en plus les patterns des boss deviennent plus complexes avec les niveaux supérieurs. Si ce niveau de difficulté était au-delà de mes compétences la première fois que j'ai fini les jeux, j'y retrouve aujourd'hui le challenge redoutable qui me poussait à me dépasser sans cesse !

Pour finir, Bleed disposait d'un mode "simulateur" qui assumait complètement de ne pas être équilibré, et qui permettait d'affronter jusqu'à trois boss en même temps histoire de tester ses limites. Bleed 2 reprend ce mode en l'améliorant, propose aussi un "Mode Défi", un "Mode Infini" qui sont des runs générées procéduralement avec des boss aléatoires, et même une section appelée "Mutateurs", qui sont des options de jeu alternatives allant de l'invincibilité à "Impossibilité de renvoyer les tirs" ou "les ennemis lâchent des projectiles à leur mort", si vous voulez aller encore plus loin. En somme, si Bleed 2 en mode histoire laisse à désirer, il révèle en revanche une rejouabilité et un potentiel bien supérieurs si vous vous sentez de le poncer à fond !


Bleed 2 en mode Infini et 2 joueurs. Le deuxième personnage, à
l'inverse de Wryn, peut renvoyer les projectiles jaunes mais pas les roses !

Conclusion :

Une (courte) série de Run-and-Gun rythmés et exigeants, qui fonctionnent même avec de très faibles ressources, et qui sauront vous pousser à repousser vos limites. L'histoire principale ne devrait pas vous prendre plus d'une après-midi, mais les pourcentistes chercheront, je l'espère, à pousser le jeu dans ces derniers retranchements pour tout déverrouiller, au nom de la gloire éternelle !

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