[Musique] Interview de Soul String

Posté le 24/05/2019 à 17h00 par Anima
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Le 1ier de ce mois de mai, Soul "Dream Explorer" Sting sortait Ephemeral II: Parallels, son 4e album. Donc, pour l'occasion, j'ai décidé de faire une interview du musicien à la place d'un simple article qui en parle. Et croyez-moi, il a eu beaucoup de choses intéressantes à dire ! Allez, c'est parti. Mais avant, lancez donc l'écoute de ce fameux Ephemeral II pour accompagner votre lecture.

Anima : Commençons avec une question de base. Tu es Soul String, la personne/poney derrière le projet SDreamExplorerS, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?

Soul Strings : Bien Sûr.

Je suis Soul "Dream Explorer" String (d'où le nom du projet) et je suis un musicien professionnel originaire de Biélorussie. Vous savez, ce petit pays entre la Russie et la Pologne ?  Par "professionnel", je veux dire par là que la musique est techniquement mon job, j'ai étudié la musique à l'école ainsi qu'à l'université et aujourd'hui je travaille en tant que bassiste dans l'orchestre local. Je dois dire que, sans MLP, je n'aurais pas commencé une carrière en solo, donc la série à une grande importance pour moi ! Ah, et aussi, j'aime le lait chocolaté et les bonbons ^_^

Continuons un peu là-dessus, qu'est-ce qui t'a amené à devenir un brony, ainsi que ce qui t'a poussé à commencer ta carrière solo dans le fandom ?

Et bien, tout a commencé milieu 2013 pour moi, tout juste après la fin de la saison 3 et quelques mois avant le premier Equestria Girls. À cette période, je sortais d'une dépression d'un an et j'avais failli me faire renvoyer de l'université, mais heureusement, j'ai continué. J'étais en deuxième année, en plein milieu d'une session d'examen, lorsque ma grand-mère est décédée. Et vu que je n'étais pas encore rétabli de ma dépression... Je pense que c'étais une période où j'avais besoin de fuir tout ce qui existait dans ce monde. Je me sentais désespérer, fatiguer et vide. À un moment, on aurait très bien pu dire que je n'avais plus rien à perdre. Et puis... c'est juste arrivé. Je ne sais plus comment, mais, à priori, je me suis dit "peu importe, je vais juste regarder un truc complètement au hasard pour une fois", et c'est ainsi que j'ai téléchargé les trois saisons de MLP et que je les ai regardé en quelques jours ! Et ensuite ? Je ne peux le décrire que comme une explosion émotionnelle. Une seconde naissance. Une nouvelle vie. Une chance d'être à nouveau heureux. Après des mois et des mois de dépressions, je ressentais à nouveau de la joie, je n'en revenais pas. C'était un sentiment incroyable, et je m'en rappelle toujours avec tendresse.

Les premiers mois dans le fandom ont filé rapidement et étaient plein de nouvelles choses : des amis, des meet-ups, des artistes et leurs créations. Bien sûr, j'ai commencé à me plonger dans la musique brony et j'ai rapidement pensé à remixer des musiques de la série. C'est avec des reprises et des remixes que j'ai commencé, avant de faire des morceaux originaux. C'était un peu comme une aire de jeu, une manière d'apprendre de nouvelles choses pour pouvoir construire quelque chose après. J'ai été chaleureusement accueilli par la communauté brony locale et je me suis senti motivé pour travailler en ce sens. Ainsi, mon premier morceau original est sorti en 2014. Et ainsi commença un long développement personnel : j'ai du apprendre à jouer de nombreux instruments, à mixer de la musique et ainsi de suite. À force d'essais et d'erreurs, ma musique s'est largement améliorée et m'a amené là où j'en suis maintenant. Et le voyage n'est pas encore terminé...

 

Tu as un peu mordu sur ma question suivante, j'allais te demander ce qui t'a poussé à passer des covers à la basse, à la création de tes propres morceaux.

Ah, et bien, ma première cover était bien à la basse. "Helping Twilight Win the Crown". La raison de son existence est que j'avais trouvé une vidéo sur Youtube d'un gars qui jouait une ligne de basse complètement fausse et j'avais donc décidé d'en faire une avec la bonne ligne. Après ça, j'ai remixé "Doule Rainbow" (même si ça ne viens pas de MLP même) et "Avast Fluttershy's Bass" (et pareil, ce n'est pas vraiment MLP ;ЬЬ), et j'en suis arrivé au moment où je pensais qu'à partir de là, ma musique serait essentiellement focalisée sur la guitare basse. Mon premier morceau, "In Search of Sadness", a été écrit alors que j'étais en PCD (NdR: Post Convention Depression). Oui, je pense que c'était la première fois que j'avais ressenti ça. Et c'était cette expérience, début janvier 2014, qui m'a inspiré, mais qui m'a aussi... dévasté ? Tout le fun avait pris fin et j'avais besoin de quelque chose pour combler le vide qu'il avait laissé. Alors je l'ai rempli avec de la tristesse et de la musique, et c'est ainsi qu'est née ma première musique. Tout ce qui vient après n'est qu'une longue suite d'expérimentations, d'essais, d'expériences acquises et de tentatives de tout ce que je souhaitais essayer, tout en restant concentré sur la basse.

Je comprend ce sentiment de PCD. Tu as mentionné être un bassiste professionnel et que tu as appris à jouer d'autres instruments, peux-tu nous parler de cet apprentissage et de ton matériel en général ?

Hmmm... Et bien, ce n'est pas arrivé en une nuit bien sûr. J'ai d'abord commencé le piano pendant cinq ans à l'école de musique (à cette époque, je chantais aussi dans deux chorales), puis quatre ans de guitare classique (principalement du flamenco). Viens ensuite une pause de deux ans dans mes études, où j'ai commencé la basse, la contrebasse et la guitare électrique. Un peu de ça, un peu de ci, et encore de ci et de ça, et aussi de ça... Et pour finir, j'en suis là. À jouer de tout à un niveau correct :Ь. Mes compétences musicales se développent lentement, même si je sais que je ne jouerai jamais de la guitare aussi bien que je joue de... disons la basse. Je n'ai juste pas le temps de travailler sur tout de manière convenable ! Néanmoins certaines connaissances sur différents instruments aident vraiment au processus créatif.

Au fil des années, j'ai eu plusieurs basses, quelques guitares électriques, une contrebasse et plusieurs jeux d'amplis. Par contre, je n'ai actuellement que ma fidèle Lakland Skyline 55-02 Deluxe avec un sticker Applejack dessus (est-ce que des gens m'ont reconnu parce que j'ai cette basse dans mes vidéos ? Nan ?) et une Ibanez GIO GRG7221 bas de gamme (la version 7 cordes d'une guitare que j'avais auparavant emprunté à ma sœur). Oui, être musicien coûte cher et j'ai dû tout simplement vendre une bonne partie de mon matos pour survivre. Bien sûr, je rêve de posséder une basse fretless à six corde ou une basse à 7-9 cordes pour faire des trucs en tapping plus avancés (je ne vais pas non plus aller vers des monstres, comme la 11 cordes de Jean Baudin :ЬЬ). Mais pour l'instant, je suis satisfait des deux que je possède. Tout le reste, je peux l'emprunter à des amis ou à mon boulot.

Pour revenir à ta musique, tu as continué à composer des morceaux (dont certains finiront sur des albums, mais on y reviendra plus tard) et tu as fini par sortir ton premier album. Quelques mots là-dessus?

Bien sûr ! J'ai très souvent entendu dire par des musiciens et des non-musiciens que seuls les musiciens vétérans, talentueux et respectés, ayant passé des décennies dans divers projets musicaux pouvaient se permettre de passer du temps sur des projets solos et de sortir des albums parce qu'ils sont talentueux et respectés. Mais bon, ces commentaires sont venus après la sortie de mon premier album :Ь

Beaucoup de choses sont arrivées en 2014, et avec toutes les expériences vécues (y compris musicales) qui m'ont marqué et qui m'ont laissé avec de nouvelles idées (la saison 4 de MLP, d'autres conventions bronys, des meet-ups, des voyages et des concerts de ci, de là), j'ai décidé de franchir le pas. J'étais prêt pour quelque chose de gros et d'important. Et ce devait-être, selon moi, un album full-length. Et vu qu'à cette époque, la plupart de mes musiques étaient des compos à la basse, la direction à prendre pour l'album était évidente. J'ai pris quelques anciens titres, composés de nouveaux et même inclus deux reprises à la fin. L'album a été enregistré dans le studio d'un ami en moins d'une semaine, quatre jours pour enregistrer tout, si je me rappelle bien. Puis, j'ai passé plusieurs semaines à tout mixer, tandis que ma sœur planchait sur l'artwork et le design du cd. À cette période, je n'avais pas de logo, mais ça s'est arrangé avec la sortie du cd (trois ans après... ahem... >_>").  Ce fût la première fois que ma musique allait au delà de la communauté, vers des non-bronys et des musiciens. Le nombre de retours était impressionnant, mais à cause de circonstances inattendues, je n'ai pas pu en profiter. Je suis toujours fier du résultat final et plutôt impressionné d'avoir réussi le mixage moi-même. C'était d'un niveau correct à l'époque et ça sonne toujours bien à mes oreilles. Avec le temps, j'ai réalisé que c'était, pour moi, un album très sombre et dépressif.

Après ce premier album, tu as commencé à être beaucoup plus actif sur la scène musicale brony,  tu as fait des collaborations et tu as participé plusieurs fois aux Ponies at Dawn, qu'est-ce qui t'a amené dans cette direction?

Mon ami EM120X (musicien électro venant de Grodno, Biélorussie) avait reçu un message d'ExplodingPonyToast pour un futur album des Ponies at Dawn : Celestial Planes. Il travaillait à ce moment sur une collaboration et décida de la soumettre à l'album. Je lui ai alors demandé s'il était possible que je soumette aussi un morceau de mon côté, la réponse fut positive et je fus ajouté sur le groupe Skype de P@D (ah l'époque de Skype...). J'avais déjà un morceau terminé que je ne voulais pas sortir dans mon coin, alors j'ai décidé d'essayer avec la compilation des P@D. Ils ont sorti, il n'y a pas longtemps, leur 17eme album, et je suis toujours dans le projet, à essayer de nouvelle choses, à expérimenter et à collaborer avec différents musiciens. Et en parlant de ça...

Au début, je ne demandais qu'à des amis pour m'aider, principalement des vocalistes car j'avais un peu honte de mon chant. Mais plus je discutais avec des musiciens des P@D, plus investi je devenais et plus de musicien je rencontrais. Vint alors la réalisation que la communauté était grande ouverte pour moi, que cela ne dépendait que de moi pour demander à quelqu'un de faire une collab. C'est devenu de plus en plus facile, comme s'il n'y avait ni frontière ni limite pour des collabs. Maintenant, quand je travaille sur l'une d'elle, j'essaye toujours de faire en sorte que ce soit spécial pour tout ceux qui y participent. Je me rappelle qu'au début, je ne demandais que des choses bien spécifiques, alors que ces temps-ci, je veux juste que les autres musiciens soient créatifs à leur manière. Et si j'ai besoin du talent de quelqu'un d'autre, je veux qu'il fasse de la musique avec moi et pas juste enregistrer un truc pour moi, que ce soit un travail d'équipe, une véritable collaboration. Évidemment, toute mes collaborations n'ont pas réussies, mais comme je l'ai dit plus tôt : essais et erreurs, c'est ainsi que ça se passe.

Passons maintenant à ton deuxième album, Carpets, qui est composé de reprises de morceaux venant du fandom et d'au delà.

Oh, celui-là était fun ! Par contre, je ne le considère pas comme un second album car c'est juste une compilation, pas de morceaux originaux de ma part ^_^. En 2016 j'ai aussi sorti un EP inspiré par Transistor de Supergiant Games, et même ça, je ne le considère pas comme mon second album. 

Comme je l'ai dit avant, les reprises et les remixes servent à apprendre des choses. En apprenant la musique d'un autre, tu deviens meilleur avec ta propre musique. Jouer une musique à l'oreille est un long procédé, il faut analyser les suites d'accords, les styles, les mélodies, les riffs et les motifs, puis tout doit être enregistré et mixé proprement. Pour moi, il y a deux manières de faire une reprise : soit tu fais en sorte qu'elle colle au mieux à l'originale, soit tu la fais à l'opposé de l'originale (plus où moins). J'ai choisi quelques-uns de mes morceaux non-poneys favoris, que je pouvais jouer avec mon niveau de l'époque, et j'ai rempli la deuxième moitié de l'album avec des reprises bronys. Même si une grande partie des morceaux étaient déjà sortis auparavant, il m'a fallu un moment pour les ré-enregistrer afin qu'elles sonnent d'actualités. La constante expérimentation avec des sons et des samples fait que ma musique sonnera différemment à deux instants T, ce n'est qu'une manière naturelle de s'améliorer que d'essayer sans cesse de nouvelles choses. En revanche, depuis environ deux ans, mon son est devenu plus stable, plus solide et moins expérimental je dirais. Et mon but était de mettre tout ces morceaux ensembles, de sorte que ça fasse vraiment comme un album, un tout cohérent. Ce fut amusant de réarranger des musiques de Rossiboys et d'AwkwardMarina pour les faire sonner plus lourdes.

Oh, et savais-tu que le deuxième album de Ceremonial Oath se nommait Carpet et avait un tapis comme pochette d'album ? (NdR: Carpet signifie tapis en anglais) Et ouais, considère ça comme une référence :ЬЬ. Aussi, une autre fun fact est que "carpet", en russe, se traduit par "ковры" (kovry>covry>covers), donc du coup, carpet veut dire "reprise" dans le patois musical russe. J'aurais juste pu appeler l'album "Covers", mais j'aurais perdu le jeu de mot et je ne pouvais pas laisser ça arriver ;ЬЬ

Alors partons sur ce qui est ton véritable deuxième album: Erasing the Enigma. Sur celui là, tu es venu avec une idée un peu différente : rendre hommage au mélodeath suédois des années 90 (At the Gates, In Flames, Dark Tranquility...), je trouve que l'album est très bon (mon préféré d'ailleurs, mais c'est aussi parce que le mélodeath est l'un de mes styles favoris), l'hommage est solide tout en gardant sa personnalité propre.

Parmi quelques-uns de mes amis, je suis connu comme "ce mec qui vénère le mélodeath suédois old-schol". J'aime ce death/black mélodique et je le préfère largement aux trucs plus modernes, ainsi qu'à la période d'avant, qui avait un son plus dissonant et brut venant du thrash metal. Enregistrer un album inspiré par A Canorous Quintet, Gates of Ishtar, Dissection, Excretion et d'autres classiques était, en partie, une manière pour moi de dire merci à cette période musicale. Mais comme toujours, cet album était une manière de m'exprimer, de laisser sortir tout ce qui se passait en moi. Il y avait de nouvelles saisons de MLP et j'ai abandonné l'écriture d'une fanfiction pour me concentrer sur des musiques racontant des histoires. Quelques-uns des morceaux sont dédiés à ma famille, tandis que d'autres ont été simplement inspirés par certains poneys, mais ce qu'ils ont tous en commun, c'est leurs style. Je suis surpris d'avoir réussi à faire un album long d'une heure et qui sonne bien tout en étant original. Quelques chants clairs, beaucoup de chants hurlés, beaucoup de growls, de la guitare acoustique, des solos, des blastbeats et des morceaux instrumentaux. J'ai fait de mon mieux pour que l'album ait ce feeling venant des 90's, mais avec des poneys dedans. 

"Heaven & Hell" a beau venir des années 80, je dirais que c'est un bon ajout au résultat final. Après tout, Mors Principum Est aime mettre des reprises dans ses albums (Backstreet Boys, Ricky Martin...), alors pourquoi pas ? Bref, l'album a franchi les frontières du fandom, comme le précédent, mais a été encore plus loin cette fois ! Et c'était la première fois que j'ai eu l'occasion de le vendre et de recevoir de l'argent en échange, ça n'était jamais arrivé auparavant. 2017 n'a pas été une année facile, mais cette année et cet album en particulier ont été le début d'une nouvelle ère pour moi en tant que musicien.

Après ça, tu as commencé une série d'album : Ephemeral, et tu as commencé avec un premier: Letters & Longing. Un album instrumental orienté post-rock/métal qui contient quelques ré-enregistrements (Lost Horizons I à III ou encore Stargazer). J'ai personnellement été très surpris mais le résultat est de qualité. 

Oui, comme j'ai dit, 2017 ne fut pas une année facile, surtout les derniers mois. C'était un temps où j'avais besoin de soutien de la part de mes amis proches, et heureusement, c'est ce que j'ai eu. C'est aussi à ce moment que j'ai commencé à lire "Austraeoh", et ce fut une autre décharge d'émotions, un véritable pas en avant pour moi. J'ai réalisé que j'étais capable d'accomplir bien plus que ce que j'imaginais. Alors je me suis fixé comme but de sortir une série d'album, chacun dans son propre style. Ça veut dire que j'ai été déterrer quelques anciens morceaux pour les ré-enregistrer et j'ai ajouté plein de nouvelles musiques pour compléter chaque album. Le travail a commencé directement pendant les derniers mois de 2017 et la première démo d'Ephemeral II (oui, le dernier sorti) était prête dès fin 2017. Mais après ça, je me suis concentré sur l'album Letters & Longing et je pense que c'est un excellent album pour commencer la série. Je n'ai pas eu le temps de finir d'écrire l'histoire racontée par la musique, elle était, à la base, supposée se trouver avec le CD dans un livret, mais je la garde pour plus tard. En fait, tout mes morceaux instrumentaux ont des histoires derrière, je m'efforce à mettre mes mots les plus sincères ainsi que mes souvenirs dans ces mélodies et ces structures. Ce ne sont pas juste des émotions, c'est une narration silencieuse parlant de personnages, d'événements et de lieux. Et de nouveau, je suis content d'avoir travaillé avec des dessinateurs incroyables pour les albums, SkyAircobra a fait les artworks pour Erasing the Enigma et Letters and Longing. Alors, même si une partie de mes plans de base ont échoué misérablement, Letters & Longings est une manière peu conventionnelle mais appropriée pour commencer la série d'albums, selon moi. 

Et enfin, ton album Ephemeral II: Parallels est sorti le 1er mai. C'est ton album le plus éclectique, combinant beaucoup de styles différents (rock progressif, bossa nova, funk, jazz...) et il a un petit feeling expérimental (par exemple sur le morceau Vortextures)

Avec cet album, je voulais aller plus que ce que j'avais fait avec Trapped Inside Reality et me lancer dans toute les directions possibles (du moins pour moi). J'aime bien ne pas juste appeler ça de la fusion, mais de la "bass-based fusion" parce que le propos est dans les sons de basse dans divers styles et genres. Il y a des pistes uniquement en tapping, il y a de la basse typé jazz latin, des trucs un peu métalliques et tout ça est mélangé ensemble. C'est une salade, un mix complètement fou. Comparé à Erasing the Enigma qui n'avait qu'un seul genre, Parallels est, selon moi, vraiment chaotique. Tu ne sais jamais ce qui va arriver. Cet album a de nombreuses facettes et montre tant d'opportunités que je voulais toutes les prendre. Bon, si ce ne peut être toutes, au moins en prendre un peu de chaque. Là encore, il y a des réminiscences et des références à d'anciens travaux (il y en avait aussi dans Letters & Longing), d'anciens morceaux ont été retravaillés et ré-enregistrés et les nouveaux racontent de nouvelles histoires, intègrent de nouveaux personnages tout en sonnant "poney", toujours selon moi. Il y a tellement de gens qui disent que la musique instrumentale ne peut être "poney" par défaut parce qu'il n'y a pas de paroles. C'est un sujet en général ridicule que de décider si une musique est poney ou pas, tchie. Alors... si tu entends le "poney" dans ma musique, apprécie-le. Et si tu ne l'entends pas, oops, désolé, mais j'ai fait de mon mieux pour en mettre. Considère ceci comme une autre expérience, ou bien...

Avec un peu de chance, les CDs pour cet album seront disponibles sur Bandcamp en Août, et avant ça, je les amènerais peut-être à quelques conventions. J'espère. Et la troisième partie du projet Ephemeral est en progrès. Je ne peux promettre qu'il sorte cette année ou en 2020, mais il sera, de nouveau, définitivement axé sur un style musical ^_^

Nous avons vu ton parcours musical, et tu as dit que tes musiques racontent toujours des histoires, est-ce que tu peux parler de ces histoires, la manière dont elles te viennent et comment tu les ressent en composant, enregistrant et jouant les morceaux ?

Hmmm, c'est un peu trop personnel, mais je vais essayer d'expliquer.  D'abord, je dois dire que je crois au concept de multivers où les univers parallèles, les dimensions alternatives et les temporalités différentes coexistent et s'équilibrent, et pour moi, une des manières d'observer ces mondes, c'est... le rêve ? Toutes les nuits quand tu rêves de quelque chose, ton esprit traverse ces univers parallèles où tu observes ce qu'il s'y passe.  Je pense que c'est évident, mais je ne suis pas "Dream Explorer" pour rien. J'analyse toujours ce que je vois, entends et ressens, c'est toujours important d'analyser ses rêves. Bien sûr, je dois d'abord les coucher sur papiers avec le plus de détails possibles, puis vient le temps de réfléchir sur cet univers. Mon dernier album est un bon exemple de "compilation d'observations", mais cette manière de faire existait bien avant que le concept de cet album ne me vienne à l'esprit. Les rêves sont spéciaux pour moi. Qu'ils soient bon ou mauvais, ils sont important. 90% de ce que je vois a une signification d'une manière ou d'une autre. 

Donc... pour répondre à ta question, je dirais que la plupart des histoires viennent de mes rêves, et le reste vient de très longues analyses de ces rêves. C'est comme, réfléchir profondément à comment un de ces univers fonctionne. Qu'est-ce qui le rend Spécial, qu'est-ce qui le différencie du nôtre ?  Cette analyse sans fin aide à développer une logique dans la création d'univers et ouvre une infinité de possibilités pour des headcanons et énormément d'histoires. Sont-elles réelles ? Se sont-elles vraiment déroulées? Je dirais que oui. Gardez aussi en tête que ma musique n'est pas uniquement basée sur ces rêves, c'est un mélange de mes propres expériences, de certaines théories à propos de nombreux individus et leurs environnements, de rêves et même de spiritualité.

Une autre clé pour ces histoires, est la méditation. Ça aide à la concentration et à se focaliser sur certaines choses et certains événements. Des voyages spirituels... Je ne peux les décrire avec des mots, en partie parce que je manque dans ce domaine et en partie parce que c'est trop personnel pour une interview publique  ^_^ Je peux dire que la méditation influence la manière dont je ressens mon environnement, la manière dont je m'écoute et analyse mes pensées, émotions et ressentis. C'est plus expérimenter quelque chose par soi-même que de juste vivre sa propre vie. Et ce que je fais habituellement, c'est... je rassemble tout et je le joue. La musique est un langage très flexible et il faut des années pour apprendre à le parler. Pour moi, ce langage est plus précis pour décrire des choses éthérées. Tu n'utilises pas la musique pour dire "va acheter du pain et du pepsi", mais la musique peut t'aider à décrire quelque chose que tu ressens depuis des années sans jamais avoir réussi à mettre des mots dessus. Je suis toujours quelque part au milieu de l'apprentissage de cette langue. Personne ne peut la maîtriser à la perfection, c'est un processus d'apprentissage sans fin.

J'ai vu dans la description de Parallels que l'album avait été enregistré en studio. Vu que, d'un côté, la majorité de la musique du fandom est entièrement faite maison, penses-tu qu'il y a une grosse différence entre les deux manières d'enregistrer?

J'ai appelé ça un studio car c'est situé à mon lieu de travail. Mais objectivement, c'est loin d'être un véritable studio d'enregistrement. Il y a des moniteurs de studio, un énorme mixer et quelques microphones, mais à part ça, il n'y a rien de plus qui en ferait un vrai studio. Il n'y a pas d'isolation sonore, pas de micro professionnel super cher, ni aucun autre équipement. Je travaillais beaucoup à la maison par le passé, Erasing the Enigma a été entièrement enregistré dans ma chambre, mais à cause de certaines circonstances, je ne peux plus le faire. Alors, la seule manière pour moi de travailler, c'est au boulot :Ь J'enregistre et je mixe toute ma musique dans la petite pièce qui est visible dans mes vidéos de WIP. Et puisque cette pièce appartient à l'orchestre (mon lieu de travail), j'aime bien l'appeler "DAT-Arkestr studio", parce que... Pourquoi pas ?

Techniquement, c'est toujours de la musique faite maison, même si j'arrivais un jour à payer un véritable studio. Mais pour le moment, je ne peux que faire avec des restrictions qui me poussent à m'améliorer au niveau de la production sonore avec ce que j'ai. C'est un challenge, mais un excellent moyen pour s'améliorer car il faut que tu optimises tout et que tu utilises toutes tes ressources à leurs maximums pour obtenir ce que tu souhaites. Quelquefois, ça stimule la créativité, et d'autre fois, c'est un moyen de s'amuser. La musique fait maison est déjà super fun en soit, donc... :Ь

Et avant de pouvoir payer un studio, tu as réussi à sortir trois de tes albums au format physique. Un mot sur ce passage du digital au physique?

C'était un long parcours. Un très très long parcours. Après la sortie de Trapped Iside Reality, je voulais déjà qu'il soit sur CD aussi vite que possible. Quatre bonus-tracks ont été enregistrées pendant la session d'enregistrement et mon idée de base était d'en faire des exclusivités CD. Mais à cause d'un très graaaaaaaaaand nombre de circonstances et d'événements, le design du packaging n'a pas pu être terminé avant 2018, c'était presque fini mais il a dû être retravaillé de nombreuses fois. Et j'ai tenu ma promesse : les bonus-tracks sont sorties uniquement sur le CD, je suis assez content que ce fut fait ainsi.

Je comprend que ma musique soit plutôt underground, alors il n'y a pas à faire imprimer un millier de copies pour chaque album. Et le problème avec les magasins d'impressions est qu'ils font payer plus cher si on commande une petite quantité de CD. Alors que, pour de plus grosse, les prix sont plus bas. C'est aussi important de trouver la bonne imprimerie avec une bonne qualité d'impression et les bons prix. La première édition d'Erasing the Enigma n'était pas bonne, pour ne pas dire la pire, mais la seconde édition a été imprimée à une bien meilleur imprimerie. Trois albums ont été imprimés là et le quatrième est en bonne voie.

Je n'ai honnêtement jamais pensé à faire faire des types de merch un peu plus rare, comme des vinyls ou des cassettes. Je trouve que c'est un luxe pour un nombre limité de fans et je ne peux pas me permettre de les faire faire. Et les CD's sont définitivement plus abordables pour beaucoup plus d'auditeurs, même s'il y en a un certain nombre aujourd'hui qui écoute de la musique juste sur internet. Les boitiers crystals sont dépasssé et les digipacks présentent juste mieux. Il y a toujours un terrain pour l'imagination quand on vient à faire du merch en physique, mais pour l'instant, je reste simple et j'essaye de faire ce qui marche le mieux pour moi. Mais pour l'édition complète d'Ephemeral, je ferais quelque chose d'ultra-spécial!

N'oublie pas que l'édition d'un CD a aussi besoin de bien plus d'artworks. Ce n'est pas que la cover du devant, mais au moins deux fois plus. Je suis vraiment content d'avoir pu commissioner des artistes du fandom vraiment talentueux. Pour l'instant, les albums ont été designés par ma soeur, Velvet R. Wings, par SkyAircobra et par Ventious. Et n'oubliez pas les artistes qui ont travaillé sur les artworks des morceaux sortis sur Youtube ! 

On se rapproche de la fin de l'interview, alors passons à une question un peu plus légère. En faisant deux trois recherches pour l'interview,  j'ai vu que SDreamExplorerS, ainsi que d'autres musiciens métal du fandom, avaient leur propre page sur Métal Archive (NdR: un site web qui référencie les groupes de métal existants, connu pour être assez élitiste et arbitraire quand il faut faire entrer des groupes dans sa base de données). Ça te fait quoi de savoir que les poneys ont su trouver un chemin jusque là, vu que, de base, les poneys et le métal n'ont pas forcément de lien entre eux ?

Haha, je me rappelle du jour où c'est arrivé. Il me semble que c'était juste après la sortie d'Erasing the Enigma puisque l'album était assez métal pour que la communauté de métalleux du monde le remarque d'une manière ou d'une autre.  Même si, en vrai, j'étais déjà sur Métal Archive pour avoir été membre du groupe Essence of Datum si je me rappelle bien. Et puis quelqu'un a créé une page complète, whoa, je fais parti de l'histoire ! Le plus drôle, c'est que quelqu'un m'avait mis sur le groupe Facebook "Stupid Métal Archive Bands" et les gens discutaient du fait que "l'idée d'un album qui vénère le mélodeath de Gothenburg venant de Biélorussie et ayant pour thème My Little Pony était hilarante". Et l'année suivante, quelqu'un avait de nouveau posté la page sur le groupe. J'ai aussi trouvé un type qui m'avait posté sur un discord métal. L'internet est un tout petit monde, à un moment ou un autre, on tombe sur ce genre de truc.

Bon, bien sûr, le métal c'est pas le premier truc qui te vient en tête quand tu penses à MLP. Et la communauté métal n'est pas spécialement à 90% "Love and Tolerance".  Certains vont se moquer, d'autres te prendre en pitié, beaucoup vont s'en foutre et quelques rares vont aller écouter un truc étiqueté "métal brony" ou un nom du genre. Le monde est plein de préjugés, et ce n'en est qu'un de plus. Tu vois du métal qui parle de poney, tu te dis automatiquement des trucs comme "oh ça doit être du power métal tout mignon, si s'en est vraiment", ou encore "les poneys, c'est pas métal, ça vient d'un dessin animé pour gamine", ou alors c'est dit ironiquement, "genre c'est une vanne ?". Est-ce que le "brony metal" est vraiment un truc ? Je ne l'affirmerais pas. Les paroles et l'imageries sont basées sur MLP, mais ça ne veut pas dire que c'est des remixs métals de Cupcakes ou Winter Wrap Up. De ce que j'en sais, la plupart des métalleux non brony ne connaissent que le musicien métal le plus connu du fandom, et pour je ne sais quelles raisons, ils considèrent que Prince Whateverer est un musicien métal ! Tu le crois ça ? C'est un peu triste que le musicien métal qui est connu par delà le fandom ne fait même pas du métal. Mais bon, tant que nous avons de vrais métalleux à bord, il y aura toujours une petite scène locale de métal brony qui vivra. C'est ce qui compte. Même si c'est juste un petit point sur la grande carte du métal, on est quand même là. Du métal qui parle de chevaux multicolores, c'est génial que ça existe, et c'est cool d'en faire parti  ^_^

Encore deux questions : est-ce que tu peux nommer quelques groupes que tu considères comme des influences ou juste des groupes que tu aimes et qui méritent plus d'amour ?

(Ouvre Lastfm) Voyons voir...

C'est dur de dire ce qui m'a influencé exactement. C'est un mélange de tout, un peu de chaque, je pense... Alors je vais juste faire quelques recommandations : 

- Tout les projets avec Simon Regnell: Blodsband, Cytotoxin (swedish), Organic Transcendence, An Infinite Dream Sequence et Gastljus. Je suis obsédé par sa musique et même s'il a arrêté la musique pour dédier sa vie à la médecine après l'obtention de son diplôme (de ce que je sais), il reste un musicien génial et un héros de notre temps.

- Darren Korb qui a composé les meilleures bandes-son de jeux-vidéos. Je ne suis pas un gros gamer, mais les jeux de SGG seront toujours spéciaux à mes yeux.

- Obscura m'a ouvert au monde du death metal progressif et m'a montré l'importance de la basse dans le métal.

- Tout le mélodeath suédois des années 90 : In Flames, Dark Tranquillity, At the Gates et les moins connus. Je pense que j'ai juste un truc pour la musique suédoise en général et pas juste pour celle des années 90, le mélodeath des années 2000 occupe beaucoup de place dans ma sonothèque.

- UnderThreat, un groupe de mélodeath colombien avec un gros feeling Dark Tranquility des débuts et des lignes mélodiques impossibles, brutes, furieuses, inarrêtables, passionnées et émotionnelles, c'est le meilleur truc que je peux recommander à quelqu'un qui aime le mélodeath suédois.

- Jean Baudin qui est un des plus grand bassiste de l'histoire selon moi. Qui a dit que la basse seule ne pouvait pas se suffire à elle même? Cet homme m'a montré la beauté de cet instrument et sa musique m'a motivé toute ces années.

- Exxasens, Destroyalldreamers et Beware of Safety sont mes projets de post-rock favoris. C'est ma musique pour aller dans l'espace, c'est mon mood shoegaze et tout le reste est inutile. 

-Je devrais surement mentionner Celdweller pour son talent et surtout pour sa narration par la musique. Chacun de ses albums est pus profond que tout ce que j'ai pu faire combiné ! *_*

- Grey Daze, le groupe que j'aime plus que Linkin Park. La musique de Chester Bennington est pour toujours avec nous, et une partie de sa vie me semble juste si proche de la mienne. J'ai l'impression que c'est plus spécial que ce qu'il a fait après dans LP, où c'est juste différent à partir d'un moment. 

- Black Sun Empire a été le premier projet de neuro que j'ai découvert et c'est toujours mon favoris. C'est le style d'électro que j'apprécie le plus : rapide, brutal, rude et, là encore, émotionnel et impétueux.

Passer en revue les presque 2000 artistes dans ma bibliothèque prendrais une éternité, alors je vais juste m'arrêter là et dire qu'en tant que musicien, j'écoute presque de tout. Il se trouve juste que j'aime particulièrement le métal, mais ça ne veut pas dire que j'écoute que ça, et ça ne veut pas non plus dire que je ne joue que de ça. Je me considère comme un musicien, pas un métalleux, pas un nerd, pas un jazzman... Un musicien. C'est bien plus qu'une simple étiquette. Pour moi, c'est un mode de vie. C'est bien plus que juste "quelle musique joues-tu? / quelle musique aimes-tu ?"

(NdR: Après l'interview, Soul String m'a fourni un lien vers un hébergeur de fichier qui contient plusieurs playlist de son cru, le voici ici)

Et enfin, dernière question : à part Ephemeral III, tu prévois d'autres choses pour le futur ?

Ephemeral IV et V bien sûr ! Il y aura peut-être une autre compilation de reprise à un moment, peut-être aussi d'autres projets entretemps, qui sait ? Je vais continuer de composer des morceaux pour les albums de Ponies at Dawn et aussi pour Lycan Dese Beats / A State of Sugar / Bronies for Good à l'occasion, et n'oubliez pas que j'aide ma sœur sur son projet ILLUMNATION.

Pendant qu'on y est, j'aimerais dire que le nouvel album d'Essence of Datum sortira bientôt ! C'est le groupe que j'ai rejoint un peu avant d'entrer dans le fandom. J'ai composé et joué la basse sur le premier album Event Horizon, quelques démos et maintenant le troisième album Spellcrying Machine. Le groupe a récemment signé chez Season of Mist (NdR : un gros label de métal), un exploit assez unique pour un groupe de métal Biélorusse. Donc si jamais vous voulez entendre un peu plus de ma basse, allez voir ce que fait EoD ! 

L'interview touche à sa fin, un dernier mot que tu as envie de dire a ceux qui liront l'interview ?

Oh, j'espère que je ne vais décevoir personne ! Être un musicien n'est pas facile, surtout ces temps-ci. Chaque artiste a besoin de soutien et il est difficile de voir le type de soutien dont chacun a besoin. On en a tous besoin de temps en temps, mais un mot pour les musiciens : écoutez-vous, travaillez sur vous, vivez et appréciez vos vies, apprenez de toute les expériences que vous vivez et essayez du mieux que vous pouvez de ressentir le monde autour de vous. Une empathie mondiale et une partie de ce que nous, musiciens, voulons amener au monde. En cherchant de la compréhension et du réconfort pour nous-même, nous amenons des moyens de tous nous comprendre mutuellement, de se connecter et de communiquer avec des sons et des bruits. Les musiciens font de la musique, et la musique peut sauver le monde.

Et finalement...

"N'abandonne jamais tes rêves. La magie arrive quand tu n'abandonnes pas, poursuit tes rêves" -Kelvin C.H.Reverie

Merci d'avoir lu.

 

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