[Télé Pony] – Kitty chez les chats !

Posté le 11/05/2024 à 14h00 par Tumbleash
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Lavez-vous bien derrière les oreilles, puis accordez les guitares, branchez les amplis, et enfilez votre plus beau costume de chat. Nous allons découvrir ensemble Kitty chez les chats !


En sens horaire en partant d'en bas, au centre : Kitty,
Petal, Ming, Thorn, "The Nazz", Miley, Spook, Timmy Tom,
Ginsburg, Luna et Mr. Clean. Il en manque au moins cinq !

De quoi ça parle ?

Il était une fois, un grand manoir plein de chats musiciens, qui vivaient sans le moindre souci… Jusqu’à ce qu’un coup frappé à la porte vienne changer un peu tout ça ! Ils vont désormais devoir s’occuper d’une petite fille humaine… Prénommée Kitty, celle-ci n’a qu’un seul désir : être un chat. C’est pourquoi elle n’enlève jamais son costume à oreilles et qu’elle ne s’exprime que par miaulements – quand bien même les chats, eux, parlent comme n’importe quel humain.

Les félins acceptent pourtant très vite Kitty comme l’une des leurs et l’intègrent dans leur vie de chats – qui consiste en gros à passer tous les jours de la semaine à s'amuser et dormir entre deux Jam-sessions. En effet, presque tous les occupants de la maison jouent de toutes sortes d'instruments, il y a toujours du son au manoir (au grand dam des voisins, la famille Stinkleton), et Kitty ne risque pas de s’ennuyer !

La série raconte donc, par tranches de vie, les tribulations musicales et loufoques de ces personnages colorés, entre tracas de la vie quotidienne, soucis d’argent et cohabitation compliquée avec les voisins.
C’est aussi l’occasion, série jeunesse oblige, de délivrer à la fin une petite morale pour les enfants, généralement amenée avec humour, mais le but est principalement de passer un agréable moment en compagnie des personnages.


Ajoutons ici : Happy tout à gauche, Cheetah au centre-gauche
à la guitare et Pierre à la basse au centre-droit.

Autour de la série

Kitty chez les chats, en VO Kitty is not a Cat est une série d’animation jeunesse australienne diffusée depuis avril 2018. Bruce Kane, Maurice Argiro, Jessica Hopcraft et Roberto Fino (je ne sais pas ce qu'ils ont fait d'autre) se partagent les casquettes de créateurs, scénaristes et réalisateurs. Elle compte pour l’instant deux saisons de 26 épisodes, mais une troisième est annoncée depuis 2021. Les épisodes durent d’habitude dix minutes chacun, et sont diffusés par paire.

La série s'est remarquablement exportée à l'étranger, doublée en russe, polonais, français, italien, espagnol, turc, hongrois, tchèque… Elle est diffusée sur Canal+ en France, par la Radio Télévision Suisse en... Suisse (quel choc !), ainsi que sur Netflix et Apple TV. Quant à sa version originale, elle est virtuellement un peu partout sur Internet. Elle a même une chaîne YouTube officielle en anglais, qui hélas diffuse surtout des morceaux choisis ; on trouve également des épisodes en français sur YouTube, par l'intermédiaire de Piwi+, la section enfants de Canal+.

Bon d'accord, mais est-ce que c’est bien ?

Avant tout, il ne faut pas chercher dans Kitty chez les chats le nouveau Infinity Train, ou un substitut à Wakfu. Les intrigues sont cousues de fil blanc, quand elles existent, les conflits sont simples, le statu quo inébranlable. Est-ce pour autant mièvre ? Non, mais il ne faut pas attendre de cette humble série plus que ce qu’elle souhaite délivrer : un divertissement coloré et musical pour la jeunesse, sans grandes prétentions, étoffé ça et là de quelques gags et détails qui s’adresseront plutôt aux adultes.


Le personnage en vert tout à droite s'appelle "Last Chance", car il en
est à la dernière de ses 9 vies – ce qui fournit l'occasion de nombreux
traits d'humour noir, car Last Chance ne cesse de se mettre en danger !

Sur ce dernier point, une grande part de la série repose sur l’humour omniprésent, qui sait jouer dans plusieurs registres là où d’autres dessins animés pour le même public se cantonneraient dans l’inépuisable gamme du « tarte à la crème ». Dans le même épisode, on aura droit à du comique de situation, de l'humour visuel, occasionnellement de l'humour noir, les élucubrations surréalistes de Cheeta et bien souvent, le personnage de King Tubby (roi des chats autoproclamé) se lancera dans une explication de tel ou tel aspect du comportement humain. Son explication est systématiquement absurde, mais elle décrit en général un comportement qui l'est tout autant, avec une perspective naïve qui met en relief cette absurdité. Cela ne manquera pas de faire sourire les adultes qui s'y confrontent tous les jours sans broncher !


King Tubby se lance à chaque épisode dans un exposé sur
les humains, toujours délicieusement à côté de la plaque.

Visuellement, la série adopte une identité visuelle assez hybride, avec un pied dans le passé et un dans le présent qui ne plaira sans doute pas à tout le monde, mais je lui trouve un certain charme. À l'image du reste de la série, elle ne cherche pas à être révolutionnaire et se contente d'être propre, efficace et sans excès. Les décors stylisés rappellent un peu certaines séries américaines des années 90-2000, façon Samurai JackCourage le chien Froussard ou La Bande à Dexter, et les personnages sans contours sont animés avec beaucoup de fluidité, ce qui se voit particulièrement dans les scènes musicales où les personnages dansent.

Puisqu'on en parle, c'est là un autre point fort de la série : sa musique. Étonnamment faible, pour une série jeunesse, en chansons à proprement parler, Kitty chez les chats est en revanche généreuse en numéros musicaux d'une louable variété, car chaque chat joue d'un ou plusieurs instruments et a son style de prédilection : Happy est tromboniste, Cheeta, Pierre et Ginsburg sont spécialistes du rock, Ming collectionne les synthés pour faire de l'expérimental, The Nazz est pianiste de Jazz, Miley fait de la musique électronique et Luna de la Cithare Folk… Composée par l'australien Quan Yeomans, membre du groupe de rock alternatif Regurgitator, la bande-son fait appels à tous ces registres variés pour construire des ambiances fortes et colorées.

Chaque style, chaque thème auquel on fait appel est également joué avec application et sincérité, entendre par là qu'on n'a pas l'impression d'entendre seulement des musiques vite-faites-mal-faites qui "font" Rock, ou Jazz, ou Reggae – mais des compositions originales dans un style assumé et poussé. On ne se contente pas de la facilité sous prétexte que le public-cible n'y connaît pas grand-chose en musique ; et même si l'on n'a pas non plus affaire à des créations révolutionnaires aptes à susciter l'admiration de mon estimée collègue Anima (car il faut bien que la musique reste accessible au grand public), Kitty chez les chats montre un réel souci de qualité, d'authenticité et d'honnêteté musicale qui fait plaisir et qui mérite d'être mentionné.


Les matériels et instruments sont aussi restitués avec une
fidélité et un souci du détail rares pour un dessin animé. Par
moments, c'est à croire que les équipes d'animation avaient
accès au studio du compositeur pour dessiner d'après modèle !

Pourquoi je regarderais ça ?

Pour son casting varié et coloré, aux personnages tous uniques et tous attachants chacun à sa façon.
Pour la qualité de l’animation, qui quoique simple sait se révéler incroyablement dynamique, en particulier lorsqu’il s’agit de faire danser les personnages.
Pour la musique, accessible sans être caricaturale, entraînante, aux genres multiples et qui accompagne très bien l’action.
Pour les accents de ses doubleuses et doubleurs, si vous la regardez en V.O. : le casting australien prête des voix aux accents maîtrisés et multiples, très éloignés des canons habituels de l’animation occidentale – j'entends par là venue des États-Unis, avec des personnages qui parlent et se comportent systématiquement comme des nord-américains typiques, même quand le cadre de l'histoire ne s'y prête pas du tout. Les dialogues anglophones de Kitty sont pêchus, dynamiques et ils sont joués avec des accents et des tonalités rafraîchissants par leur originalité.

Pour son humour, enfin et surtout, car si je n’ai jusqu’ici jamais eu de fous rires inoubliables devant Kitty is not a Cat, cela reste tout de même une série qui sait se faire drôle de nombreuses manières, et avec légèreté.
Jamais un gag ne sera répété ad nauseam, jamais une même blague ne sera recyclée cinq fois de suite pour faire durer l’épisode plus longtemps. Quand ce dessin animé trouve quelque chose de drôle, il le dit ou le montre, et puis sans s’appesantir dessus continue sa narration et essaie de trouver autre chose pour la fois suivante.

Conclusion

Une série sympathique, bon enfant mais certainement pas niaise, humble dans ses visées mais impeccable dans sa réalisation et qui ne manque pas de moments surprenants. Et puis ça groove !

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