[Des Lumières sur la Toile] #4 - Le Chat Potté 2 : la dernière quête

Posté le 05/04/2023 à 15h00 par Schumette
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Bonjour tout le monde ! Nous repartons sur un film un peu plus récent, bien que le héros de cette licence existe depuis 2004. 

 

Résumé des deux films ou du deuxième film ?

C'est une excellente question cher lecteur, car pour pouvoir parler du deux, il faut bien parler un peu du un ! Donc, de quoi parle la licence Le Chat Potté

Dans le premier film, nous découvrons l'enfance de Potté, qui grandit dans un orphelinat après avoir été abandonné par ses parents. Il se lie d'amitié avec Humpty Alexander Dumpty et des années plus tard, prévoit un vol digne du meilleur bandit : trouver la poule aux œufs d'or de l'ogre. Durant leur aventure, ils vont rencontrer Kitty–Patte–de–Velours, une voleuse hors-pair qui se joint au groupe...

Dans le second film, Potté apprend qu'il ne lui reste qu'une vie sur neuf et est poursuivi par un chasseur de prime implacable et apparemment invincible. Pour survivre, il part à la recherche de l'Étoile Mystérieuse, qui offre un vœu à la personne qui la trouve. Il retrouvera sur son chemin Kitty, mais aussi d'autres personnage de contes, comme Boucle d'or et les trois Ours. 


La licence du Chat Potté

Le personnage du Chat Botté n'est plus à présenter, après les nombreuses adaptations qu'il a subies. Au départ, ce brave chat était tiré d'un conte franco-italien nommé Le maître chat, publié en 1695 dans un recueil de contes compilé par un certain Charles Perrault et intitulé Les Contes de ma mère l'Oye. Après de nombreuses adaptations modernes, le chat botté le plus connu est celui que l'on peut découvrir dans Shrek 2 en 2004. Son nom, il le signe à la pointe de l'épée, d'un P qui signifie… eh bien, au départ c'était pour « Puss », de son nom anglophone « Puss in Boots ». Le jeu de mot « Chat Potté » qui fait aussi référence au Chapeau, a été inventé pour coller avec la lettre, et il n'existe que dans la VF.

Le succès pour ce personnage est immédiat et il aura droit en 2011 à son propre film, qui se passe un peu avant Shrek 2. Quelques autres petits courts-métrages comme Le Chat potté : Les Trois Diablos seront diffusés, ainsi qu'une série Netflix de 78 épisodes, mais il faudra attendre onze ans pour avoir le second chapitre de l'histoire : La Dernière Quête. Le second opus met clairement les bottes dans le plat : une animation absolument sublime, une histoire incroyable, des personnages attachants et très bien travaillés! Il remporte plusieurs prix dont deux Annie Awards et est élu par beaucoup de gens « meilleur film d'animation de l'année 2022 ».


Les thématiques du Chat Potté

Les films du Chat Potté malgré leur univers de contes trouvent le moyen de parler de sujets bien réels comme la condition animale. Dans le premier film, on découvre que Kitty a reçu son surnom « pattes-de-velours » car ses anciens propriétaire lui ont fait arracher les griffes. Sans oublier son abandon, Kitty est un personnage extrêmement touchant par son manque de confiance envers les inconnus (et même les connus) et sa colère refoulée. Nous avons aussi la thématique de la mort dans les deux films. Le premier nous montre Humpty tombant dans le vide et révélant, sous sa coquille brisée, un intérieur en or massif qui n'est visible qu'après sa mort.

Dans le second film, les thématiques sont encore plus fortes et mieux travaillées. Nous rencontrons un chien qui n'a pas vraiment de nom, qui explique que ses propriétaires ont essayé de le tuer plusieurs fois, mais qu'il a toujours survécu. Seulement, il le dit avec tellement d'innocence et de naïveté alors que son histoire est si triste, que c'est clairement l'un des meilleurs personnage du film ! Il y a aussi la thématique de l'adoption et de l'acceptation de sa famille, même si elle ne correspond pas à l'idéal que l'on s'en fait, avec Boucle d'Or et ses trois ours, qui je ne vais pas vous le cacher est clairement mon personnage préféré du film ! Elle est drôle, elle a une bonne dynamique avec ses ours et elle est très touchante quand on découvre son vœu. 


L'animation

L'une des grandes force du film, par rapport au premier opus, est son animation. Dreamworks continue d'explorer les mélanges 2D-3D, une voie ouverte il y a quelques années par Spider-Man : Next Generation et la série Arcane. Dreamworks avait déjà proposé un film qui en jouait et dont nous avons parlé il y a quelques semaines ; ici, cependant, en plus de clins d'œil aux animés en tous genres, les studios visent un rendu inédit qui évoque la peinture et les coups de pinceaux !

Ce style hybride correspond merveilleusement bien au ton du film, et un si beau résultat fera oublier aux grincheux (comme votre rédactrice) qu'il nous aura fallu attendre onze ans pour le voir ! L'animation est fluide, dynamique et offre des moments absolument magnifiques dans les paysages. 

Personnages et doublages

Comme dans les films Shrek, le Chat Potté est doublé en anglais par l'espagnol Antonio Banderas, qui a incarné deux fois Zorro en 1998 et 2005 et en profite pour parodier gentiment son personnage. En français, sa voix est celle de Boris Rehlinger, qui semble avoir vraiment percé dans les films d'animation à partir de ce rôle ! Après nombre de films où Potté était pratiquement invulnérable et enchaînait les cascades improbables, il est ici réinventé sous une forme bien plus vulnérable qui fait plaisir à voir.

Kitty Pattes-de-Velours est doublée dans la V.O. par la mexicaine Salma Hayek, pour donner de l'authenticité aux échanges en espagnol entre Kitty et Potté. En VF, Diane Dassigny lui prête sa voix – elle est assez peu connue y compris en doublage. Là aussi, on découvre une Kitty plus vulnérable mais qui met les bouchées doubles pour le cacher. Le doublage français est très correct, quoiqu'on perde un peu le côté usée par la vie que lui donne la voix plus rauque et grave de Hayek ; en comparaison, la performance de Dassigny semble très propre et lisse.

Et pour compléter l'Équipe des Cop's, « Perrito » est doublé par l'américain d'origine mexicaine Harvey Guillén, principalement connu dans le milieu de la TV ; en français, on entendra la voix de Maxime Baudouin, qui aura notamment été la voix de Pinocchio dans Pinocchio le robot, et a doublé aussi dans SteamboyLe Pôle Express et Les Nouveaux Héros. Ajouté pour le film, il apporte comme on l'a dit plus haut des moments drôles comme graves, c'est un excellent clown triste à l'optimisme inaltérable. Et c'est sans doute lui qui tient le record du plus grand nombre de gros mots (censurés, bien sûr !) prononcés dans un film d'animation tous publics !

Puisque nous parlons de personnages, autant évoquer les méchants. Ce film arrive à avoir trois antagonistes qui remplissent des rôles différents.

Tout d'abord, Boucle d'Or et les Ours (la famille compte comme une seule et même entité, donc un seul antagoniste) sont dès le début établis comme des rivaux plutôt que comme des ennemis. Plutôt que de graviter comme faire-valoir autour d'un autre personnage, ils ont leur propre trajectoire bien établie et ne sont vraiment « héros » ou « méchants » que suivant les circonstances. En Anglais, ils sont doublés par Florence Pugh (Bouclettes), Olivia Coleman (Maman), Ray Winstone (Papa) et Samson Kayo (Bébé), tous anglais, ce qui leur donne un air très savoureux de gangsters londoniens (Ray Winstone en particulier est un vétéran de ce genre de rôles !) tels qu'on en verrait par exemple chez Guy Ritchie. Le doublage français est bon et retranscrit bien un côté « loubards » dans la diction et le vocabulaire, quoique j'aie trouvé qu'il manquait de naturel.

Big Jack Horner (inspiré de la comptine Little Jack Horner, assez mal connue en-dehors du public anglophone) coche toutes les cases du méchant vu et revu : cruel, dénué d'empathie, de pitié et de considération, il traite ses larbins comme une ressource jetable et ne désire que le pouvoir, absolu, rien que pour lui. Ce genre de méchant est évité depuis longtemps dans la plupart des films, car considérés comme plats et sans intérêt. On cherche en général à leur trouver des motivations, ou un bon fond, ou une face cachée pour les étoffer et leur donner du relief qui surprendra le public. Ici, la surprise est justement qu'il n'y a pas de surprise : Jack Horner n'a aucune qualité rédemptrice, et on prend même le temps de plaisanter là-dessus en le mettant en dialogue avec une caricature de Jiminy Cricket qui tente vainement de chercher le bon en lui !

Côté design, Jack Horner est gros et laid – mais pas « laid parce que gros »,
son poids n'est qu'anecdotique et sa laideur a plus à voir avec sa malveillance.

Ce côté humoristique aide le film à faire du neuf avec du vieux. Mais surtout, le film n'a pas besoin que Jack soit un méchant très recherché, quand il pâlirait de tout façon en comparaison d'un autre, j'ai nommé…

Le Loup

On ne peut pas passer à côté du méchant principal, qui éclipse tous les autres : le loup. Ce personnage est incroyable, il apporte la peur, il est lent mais implacable et très sûr de lui, ce qui effraye encore plus quant au destin de notre héros. Il est le premier et le seul à avoir jamais réussi à blesser, humilier et terrifier le chat. Doublé par le brésilien Wagner Moura en anglais et par l'ancien rappeur Doudou Masta (qui double entre autres Doomfist dans Overwatch) en VF, il a en plus une superbe voix d'outre-tombe au teint à la fois menaçant et chaleureux.
Par contre, j'aimerais parler de quelques petites choses, mais pour les personnes n'ayant pas vu le film (déjà, allez le voir, il vaut le coup), je vais mettre cette partie en spoiler.

Spoiler!

Le loup, qui n'est ni plus ni moins que la Mort en personne, est clairement le meilleur antagoniste créé ces dernières années. Il apparaît en fait presque dès le début du film (regardez bien le combat contre le géant, il est caché dans la foule lorsque celle-ci fait la vague pour encourager le chat), et revient avec la régularité d'un métronome chaque fois que Potté reprend trop confiance en lui. Surgissant de nulle part comme bon lui semble, le Loup annonce son arrivée par un sifflement, tout simple mais terriblement angoissant, qui étouffe le reste de la bande-son pour nous mettre dans la tête d'un Potté qui se laisse gagner par la panique !

 
Enfin, ce qui distingue plus encore le loup des autres antagonistes, c'est qu'il ne fait pour ainsi dire pas partie de la même histoire : eux sont là pour créer des difficultés temporaires à surmonter, des péripéties dans la quête de l'étoile ; lui n'a que faire de celle-ci ou des autres personnages, il n'est là que pour régler son compte à Potté et n'interagit avec personne d'autre. Méchant attitré du héros, il agit à une échelle beaucoup plus réduite, celle d'une histoire qui s'insère dans une histoire plus large ; mais il rélègue pourtant tout le reste au rang de décor lointain à chacune de ses apparitions, car il a bien plus d'envergure et est infiniment plus dangereux. En fait, il n'est même jamais vaincu, puisque que personne ne peut triompher de la mort. Face à lui, ce qui s'approche le plus d'une victoire, c'est lorsqu'il concède un match nul à un adversaire qu'il n'arrive plus à mépriser.

C'est aussi pour ça que Big Jack Horner n'a pas besoin de davantage de profondeur, et même en souffrirait. Coincé entre un méchant d'une telle ampleur qu'il le surclasserait à tous points de vue, et les héros de leur propre histoire que sont Bouclette et les Ours, il risquerait de faire redite s'il venait empiéter sur les plates-bandes de l'un ou des autres. Il occupe donc tout naturellement le rôle d'un « méchant pur » classique qui est là pour créer du conflit et être vaincu à la fin, et c'est pour cela qu'il le joue si bien : c'est une partition de spécialiste, qu'il peut jouer à fond sans s'embarrasser de broutilles comme des facettes cachées. Il garde ainsi un registre bien à lui, tout en mettant agréablement les autres en valeur.


Musique

Du côté de la musique, Le Chat Potté avait une bande-son assez classique qui faisait pourtant la part belle aux accords espagnols et latino-américains, pour coller à son personnage. Le plus bel exemple en est sans doute la Battle de danse entre Potté et Kitty, à laquelle le second film rend un hommage discret mais bien placé.

Quant au second film, sa bande-son est composée et dirigée par Heitor Pereira qui a longtemps collaboré avec Hans Zimmer et était assistant du compositeur pour Shrek 2. Comme pour le visuel du film, la musique n'est pas en reste pour ce qui est d'innover quitte à prendre des risques, et emprunte aussi bien aux codes musicaux des westerns qu'au rap de gangsters sans oublier les racines latino/espagnoles, toujours avec fraîcheur et dynamisme. Une autre réussite !

Conclusion

Pour conclure, le chat Potté a parfaitement réussi son retour, en éclipsant d'un coup d'épée les films d'animations de Disney et Pixar. Dreamworks avait déjà fait un bon retour avec Les Bad Guys, mais avec Le Chat Potté 2, le studio revient poser les bottes dans la cour des grands, prouvant que malgré quelques échecs continus pendant plusieurs années (depuis 2019, Dragon 3 étant leur dernier grand succès), on peut toujours revenir en force, même si ça doit prendre onze ans ! 

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