[Concours de fanfictions] – Le grand vainqueur !

Posté le 17/10/2021 à 17h00 par Tumbleash
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Wizarding Some Wizard Stuff par XeviousGreenII

 

Bonjour tout le monde ! L'attente n'a pas été trop longue ? Voici enfin venir l'article dédié au grand gagnant de la dernière édition du concours de fanfictions, L'Espace B par Grabadonf !
Comme promis, nous reviendrons ici sur les points forts et les points, disons, moins forts de cette histoire. Si vous ne l'avez pas encore lue, je vous invite à le faire tout de suite ici, afin de ne pas vous voir spoiler l'intrigue.

 

De quoi ça parle, et pourquoi on a aimé ?

Il s'agit d'un texte étonnamment long et travaillé (plus de sept mille mots !), qui s'astreint pourtant à respecter les consignes, quoi qu'en prenant une petite liberté avec l'énoncé. Ce n'est en effet pas un livre seul qui aspire notre pauvre Twilight Sparkle – et avec elle Pinkie Pie, décidément un choix populaire – mais… toute sa bibliothèque, qui crée un trou de ver menant tout droit vers un autre monde ! Plus précisément, celui des Annales du Disque-Monde de Terry Pratchett. Il s'agit donc d'un crossover, mais on ne le devine pas tout de suite, car l'introduction prend son temps, distille les informations petit à petit et fait durer le suspense. Peut-être même un peu trop, mais on y reviendra plus loin.

Le crossover en soi est très réussi, l'auteur parvient à entremêler ces deux mondes sans les faire jurer entre eux, et même la méthode utilisée pour établir le lien correspond bien à ce que l'on pourrait trouver dans un épisode, ou plutôt un comics de My Little Pony, aussi bien que dans un tome des Annales – si comme nous, vous en avez lu, vous vous souviendrez peut-être d'une certaine équation qui explique en quoi une bonne bibliothèque n'est autre qu'un trou noir cultivé…

Du côté des bons points, nous avons apprécié de découvrir une histoire avec un scénario élaboré, une véritable intrigue avec enjeux, progression et rebondissements. La quantité de détails et leur qualité, lorsqu'il s'agit de décrire aussi bien ce nouveau monde que ce qui s'y passe, témoignent de l'affection de l'auteur pour l'œuvre dont il s'inspire, à laquelle il s'applique à rendre hommage. Le tout est d'ailleurs servi avec un humour fin et des commentaires pleins d'esprit, typiques de la prose pratchettienne. Ceux qui connaissent Ankh-Morpork la reconnaîtront sans peine dans toute sa poésie, disons, olfactive, et retrouveront avec plaisir nombre de leurs personnages favoris ! Bien entendu, ce dernier point est à double tranchant : si l'univers du Disque-Monde est sans conteste connu, il n'en reste pas moins que pour les profanes, la fiction, son ton et ses nombreux clins d'œil pourraient bien rester impénétrables. L'auteur en a d'ailleurs bien conscience, mais encore n'a-t-il pas choisi non plus le plus obscur des univers, c'est sûrement un risque mesuré ; et peut-être peut-on espérer que cette histoire constituera une agréable porte d'entrée pour les novices à ce monument de la Fantasy ?

Voilà au moins une mésaventure à laquelle Twilight aura échappé,
ce qui n'est sans doute pas du luxe vis-à-vis de sa santé mentale.
ONWARDS PINKIE par atryl

En continuant sur les bons points, la longueur du texte permet d'en faire un véritable terrain de jeux, qui laisse de la place aussi bien aux descriptions, aux anecdotes, qu'aux gags, et permet à nos ponettes de prendre un peu de temps pour se promener et interagir avec ce monde mystérieux. Les dialogues et les situations sont dynamiques, fidèles aux personnages, encore une fois on ne s'ennuie pas et l'histoire reste malgré tout assez courte pour qu'il n'y ait pas de perte de rythme gênante. À vrai dire, ce serait même plutôt l'inverse…
En effet, l'un des points forts du texte – son introduction tout en douceur – met en relief un point faible associé, le déséquilibre des différentes étapes. L'histoire tarde à démarrer, et une fois que le crossover est lancé pour de vrai, très rapidement les évènements s'enchaînent de plus en plus vite ; jusqu'à une fin qui, sans être expédiée, reste malgré tout très courte et le semble d'autant plus que le début proposait quasiment une intrigue dans l'intrigue. Le même déséquilibre peut être constaté à l'échelle du reste du texte, avec beaucoup d'anecdotes au début, quelques sous-intrigues développées après le milieu de l'histoire, qui sont très vite refermées car il faut conclure. Malgré le fait que ce one-shot soit copieux, on a presque l'impression de rester sur sa faim, peut-être qu'une page en moins au début – ou en plus au milieu ou à la fin – aurait permis à l'histoire de démarrer plus vite ou de se finir moins abruptement.

Un autre point faible découle, là encore, d'un point fort : le langage utilisé se fait souvent inégal. C'est en particulier l'Octavo qui emploie un vocabulaire volontiers fleuri et grossier ; ce ne serait pas forcément un problème, si ce n'est qu'ici ça devient vite lourd. C'est d'autant plus gênant que le reste de l'histoire est sur un registre beaucoup plus fin et soutenu, comme il sied à un pastiche des Annales, et ces passages trop grossiers, trop souvent, trop longtemps jurent (sans mauvais jeu de mot) avec le reste. Un juron ici ou là, ou même une bordée d'insultes peuvent agréablement épicer un texte trop sage, mais lorsqu'on en fait des kilos comme ici, la surprise s'épuise très vite et devient répétition. Encore une fois, c'est dommage, car G. nous a montré partout ailleurs dans son texte qu'il savait se montrer beaucoup plus subtil.

 

Conclusion

Ces accidents de parcours ne suffisent pourtant pas à gâcher l'histoire remarquable de Grabadonf, mais ça, vous vous en doutez. Autrement, il n'aurait pas eu la première place !
J'espère que ce petit retour vous aura apporté quelques clés de lecture ou d'écriture intéressantes, et j'espère vous revoir à la prochaine édition de notre concours – qui se tiendra avant l'arrivée de la Génération 6, c'est promis !

À très bientôt !

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