[Concours de fanfics] Le grand gagnant de l'édition avril 2021 !

Posté le 15/05/2021 à 17h00 par Tumbleash
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Evening Report par imdrunkonTea

 

Bonjour tout le monde ! Comme promis il y a quelques jours, voici une critique un peu plus détaillée de la fanfic qui a remporté la dernière édition du concours.
Pour rappel, vous pouvez la lire ici quand vous voulez.


L'acoquinement, ou la conflictuelle cohésion est une histoire écrite par Scribble Penwriter pour notre concours.
L'auteur a fait un pari audacieux : écrire son histoire comme une pièce de théâtre en un acte, en respectant les codes d'écriture de la dramaturgie.
On ne peut que le féliciter d'avoir tenu ce pari, d'autant plus que lorsqu'on y pense, le sujet s'y prêtait parfaitement ! Scribble Penwriter nous livre donc un huis-clos comique dont le style évoque immanquablement le théâtre classique pur jus.
Cela se manifeste en particulier à travers le langage employé, très soutenu, très alambiqué, délibérément archaïque. C'est un effet de style qui peut en rebuter certains, mais il faut admettre que cela correspond à la contrainte supplémentaire que s'est fixée l'auteur. On a manifestement affaire à quelqu'un de lettré, qui cherche à partager cette culture littéraire. Non par orgueil, à mon avis, mais plutôt par passion, quoiqu'on puisse tout de même lui reprocher d'en faire un peu trop.

En effet, si ce langage « fait » théâtre classique, il semble un peu emprunté, artificiel, et un peu trop omniprésent pour être naturel.
Qu'on ne se méprenne pas, il serait injuste d'en vouloir à quelqu'un de ne pas restituer avec une parfaite aisance un style linguistique aussi daté, avec lequel nous n'avons l'habitude ni de parler, ni d'écrire. On peut en revanche critiquer la tendance de l'auteur à en rajouter, particulièrement lorsqu'une phrase qui pourrait rester courte (y compris dans une pièce classique authentique) et concise, devient deux fois plus longue à cause des fioritures.
Parfois, « moins c'est plus », et dans une pièce comique, le rythme et surtout l'impact des répliques souffrent de phrases à rallonge qui tendent à les diluer.


D'un autre côté, s'ils vont passer l'éternité ensemble,
peut-être que dire les choses en trois mots plutôt qu'en
cent n'aide pas à faire passer le temps plus vite.

 

Ce maintien rigoureux, presque rigide d'un style délibérément archaïque à chaque ligne, a en outre un deuxième effet déplaisant : les dialogues sont uniformisés, les personnages parlent tous de la même manière. Ce n'est pas trop le cas au début, mais on perd assez vite ce qui devrait transparaître, à travers le discours, de la personnalité de chaque protagoniste.
La brutalité orgueilleuse chez Tirek, le venin méprisant chez Chrysalis, les mots enrobés de sucre pour cacher l'arsenic chez Cozy Glow s'effacent sous ce langage trop corseté dans ses effets de style. C'est dommage, car en-dehors de cela, l'écriture est exigeante et la technique poussée. On a hâte de voir ce que l'auteur peut produire en étant un peu plus libre de ses mouvements.

En parlant de ça, il y a un autre point sur lequel nous pouvons revenir : un One-shot tend à limiter ce que l'on peut raconter, et il est parfois tentant de produire une histoire simple qui ne cherche pas à aller quelque part en particulier. Une anecdote, une parenthèse qui n'entame pas le statu quo. Ce n'est pas le cas ici, car L'acoquinement suit une réelle progression par étapes, permettant à ses personnages d'échanger, de se confronter et d'évoluer, jusqu'à la conclusion. Celle-ci est peut-être un peu simple et prévisible, un peu « bateau » si on me pardonne l'expression, mais elle remplit son rôle et donne à l'histoire un point final, lui donnant son unité.
La question du langage mise à part, on imaginerait presque cette histoire devenant un genre d'épisode spécial de la série, où les codes du théâtre seraient un simple bonus stylistique, de la même manière que Rarity Investigates ! ou Saddle Row Rec optaient chacun pour une narration originale. À plus forte raison que L'acoquinement inclut même… une chanson !



Ils ont remis ça ! Mais cette fois-ci, le sujet n'est plus le même.

Comme il est de mise dans My Little Pony, et comme l'autorise facilement le théâtre, cette pièce nous offre un numéro musical, où les personnages s'ajoutent au fur et à mesure des couplets, ce qui induit là aussi une progression.
La chanson bénéficie du même effort d'écriture que le reste, étant écrite exclusivement en alexandrins, et en respectant la diérèse, s'il-vous-plaît ! Que demander de plus ?
Un couplet pour Tirek, peut-être, semble un peu laissé de côté dans cette chanson. Mais peut-être était-elle déjà trop longue, ou lui-même avait trop de dialogue ?
Question qui restera peut-être sans réponse, mais peu importe. Ce texte en vers ajoute indiscutablement de la valeur à cette fanfiction dont les défauts sont surpassés par ses qualités.


 

Si, après tout cela, vous n'avez toujours pas lu cette histoire, je ne sais pas quoi faire de plus pour vous en convaincre !
Nous vous tiendrons au courant du prochain concours organisé par Le Poney Blanc, ou par nos partenaires de la Bibliothèque de Canterlot. Nous espérons vous voir en nombre la prochaine fois !


D'ici-là, portez-vous bien, et à bientôt.

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